L’actualité de la crise : QUE VONT-ILS ENCORE NOUS INVENTER ? par François Leclerc

14 août 2012 par François Leclerc |

Billet invité.

La cause était entendue et le contrat est désormais rempli, l’Europe toute entière entre cet été en récession. Seuls ceux qui affectent encore de croire à un miracle peuvent s’en déclarer surpris pour s’accrocher aux dixièmes de pour-cent de croissance qu’ils croient pouvoir préserver. Pour combien de temps ?

Pour couper court aux fadaises de ceux qui ne veulent y voir que les imperfections de la construction européenne – pour mieux justifier leurs plans qui vont l’enfoncer davantage dans la récession – c’est toute l’économie occidentale qui est touchée, et par ricochet celle des pays émergents dont la croissance repose sur leurs marchés désormais en berne. Pire, le pronostic est qu’à la récession succèdera la déflation. La vérité n’est pas bonne à avouer : il n’y a pas une région du monde pour tirer les autres d’affaire. C’est ce qui fait toute la différence avec les crises précédentes qui n’étaient que régionales.

Que faut-il encore attendre de nos apprentis sorciers ? Qu’ils nous sortent une nouvelle théorie des cycles pour justifier qu’après ces trente dernières années de capitalisme financier triomphant plusieurs décennies de désendettement et de récession l’accompagnant vont malencontreusement leur succéder, et qu’il faut en prendre son parti ? Sans même qu’ils soient certains que la déflation ne va pas s’installer, l’exemple japonais étant là pour montrer que si l’on sait quand on y rentre, on ne sait jamais quand on va pouvoir en sortir… Car ce qu’il y a de bien avec les cycles, c’est qu’après la pluie survient le beau temps, et que tout recommence comme avant ! Ni vu, ni connu !

Il a été tenté dans un premier temps de mettre en avant l’énormité de l’endettement public, assorti de la nécessité de vite le résorber, pour mieux masquer par divers artifices celui du privé, qui le vaut bien, pour lequel la digestion se passe également mal. Certes, tout à son opacité, le système financier privé dissimule son endettement chronique mieux que les États, mais leur échafaudage commun ne retrouve toujours pas son équilibre.

Les subprimes américains n’ont pas été une dérive sur laquelle il serait possible de revenir, une exception qui ne sera pas renouvelée : ils ont éclairé la double nature d’un système fait d’extrême sophistication et de grande fragilité. Tout sera fait pour ne pas le reconnaître : l’économie, dans son ensemble, ne peut plus supporter le poids d’un système financier devenu hypertrophié au fil des décennies. La conséquence logique, inévitable, est pourtant qu’il va falloir en réduire la taille et lui réassigner ses missions.

Pour éviter de parvenir à cette conclusion, on tente de prendre son temps pour atterrir en plaquant l’avion au sol. Mais la trajectoire disponible rend l’exercice périlleux. L’économie entre irrésistiblement en récession, réduisant d’autant la portance du système financier, celui-ci n’ayant pas de réserve de puissance et contenant les modestes tentatives de régulation qui l’exposent à de nouvelles sautes de vent de travers… (la métaphore aura été filée jusqu’au bout).

La crise continue de recéler en elle-même la dynamique de sa poursuite. Quel paradoxe pour un système qui était présenté comme indépassable, stade ultime du développement de la société et, n’ayons pas peur des mots, de l’Humanité ! Ce n’est pas sans appréhension ni sans vertige que les pages blanches qui suivent vont être remplies…

Le droit d’inventaire va pouvoir alimenter celui d’inventer.

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