Sarko et ses 1000€ font pchitt!! les salariés apprécieront!!

Editorial LE MONDE

Nicolas Sarkozy, l’improvisation en prime

 

Le déplacement effectué par Nicolas Sarkozy dans les Ardennes, mardi 19 avril, est un cas d’école. Il offre un parfait condensé de la personnalité et de la méthode du président de la République. Cela peut se résumer ainsi : culot + volontarisme + improvisation = déception.

Du culot – du courage, corrigeront ses partisans -, il en fallait au chef de l’Etat pour retourner sur ces terres ouvrières où il avait lancé sa campagne victorieuse, en décembre 2006. C’est là qu’il avait étrenné son fameux  » Travailler plus pour gagner plus «  et s’était présenté comme le futur  » président du pouvoir d’achat «  ; là aussi qu’il avait pris l’engagement de ne pas  » trahir «  ses promesses.

Quatre ans et quelques mois plus tard, chacun sait ce qu’il en est : le chômage touche désormais 9,6 % de la population active, tandis que le pouvoir d’achat stagne ou à peu près. Selon l’Insee, il a progressé en moyenne de 1,6 % en 2009 et de 1,2 % en 2010, mais ces chiffres ne prennent pas en compte les dépenses contraintes (gaz, électricité, loyers, alimentation…) qui s’envolent et rognent les marges de manoeuvre réelles des ménages. La faute à la crise ? Pour une bonne part, indéniablement. Mais Martine Aubry, la première secrétaire du Parti socialiste, a cruellement résumé le sentiment général : Nicolas Sarkozy  » restera le président du payer plus et gagner moins « .

Le volontarisme ? Contre vents et marées, le chef de l’Etat entend toujours en faire sa marque de fabrique. Le 7 avril, il avait plaidé pour un partage plus juste de la valeur ajoutée et lancé l’idée d’une prime accordée aux salariés des entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires.

Le patronat s’est insurgé contre cette atteinte à sa liberté. Les syndicats ont dénoncé ce gadget qui esquive une véritable politique salariale et menace de creuser un peu plus les inégalités entre grandes entreprises et PME ou entre le secteur privé et la fonction publique, cette année encore à la diète. Nicolas Sarkozy a balayé ces critiques. Opposant sa  » détermination «  à  » l’immobilisme «  des partenaires sociaux, il a fièrement martelé, mardi :  » Je ne céderai pas. « 

La posture est méritoire. Mais elle conduit, comme toujours, le président à prendre immédiatement son désir pour la réalité et à engager des initiatives brouillonnes. A peine l’idée de cette prime lancée, le ministre du budget, François Baroin, a précisé qu’elle serait d’au moins 1 000 euros et celui du travail, Xavier Bertrand, qu’elle serait obligatoire.

Dans les Ardennes, Nicolas Sarkozy a sérieusement édulcoré les choses : les 1 000 euros ont disparu et la contrainte aussi ; uniquement en cas de  » forte augmentation «  des dividendes (et non plus seulement de leur versement), les entreprises auront l’obligation de négocier avec les syndicats, mais pas d’obligation de résultat.

Dans ces conditions, la déception – quand ce n’est pas la colère – est inévitable. C’est vrai de ce projet de  » prime « , de plus en plus évanescent. C’est vrai de l’action menée depuis quatre ans. Et l’on peut douter que le culot et le volontarisme suffisent à ressusciter, d’ici à 2012, le temps des illusions lyriques.

  

Lire page 12

© Le Monde
Cette entrée a été postée dans Non classé. Mettre en favoris le permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*