Martine Aubry au Forum social de Dakar: « Afrique et Europe doivent s’allier pour une voix commune de justice, de paix et de solidarité. »

   (sculpture d’Ousmane Sow)
Une nouvelle alliance ne peut se concevoir sans porter haut la démocratie et les droits de l’homme.
Nous partageons tous l’idéal universaliste qui est aussi celui du progressisme africain, de Lumumba, à Mandela ou encore Sankara.
Les valeurs démocratiques, qui ont fait des avancées sur ce continent depuis le début des années 1990 -malgré bien des difficultés-, doivent être encouragées partout. Cela implique aussi pour la France et l’Europe d’être résolument aux côtés de tous ceux qui se battent pour la démocratie, les libertés et les droits de l’homme quand ils ont besoin de nous, pendant des années si longues d’opposition et de répression subie. Et quand le cours des choses s’inverse, nous devons être là, une fois encore, pour aider à consolider l’espoir d’une démocratie durable. Dans cette quête de toujours pour plus de démocratie et de liberté, les sociétés civiles africaines, les peuples, ont joué, jouent et joueront un rôle majeur.
Sur d’autres rives de l’Afrique, les peuples adressent ces jours-ci au monde entier un extraordinaire message. Leurs révoltes, en Tunisie d’abord puis en Egypte, sont conduites au nom de la démocratie. Ce sont les peuples qui les mènent pacifiquement avec courage et dignité. Les sociétés toutes entières s’y engagent et s’y retrouvent. Toutes les générations sont là. Pas simplement une avant-garde, mais une société, ses réseaux sociaux, sa jeunesse courageuse et indomptable.
Ce grand moment des peuples se nourrit avant tout des idéaux démocratiques de liberté politique et de justice sociale. Ces valeurs sont les notres. Elles bousculent les régimes autoritaires, les élites corrompues. Elles démentent les certitudes paresseuses des cyniques, ceux-là même qui ferment encore les yeux par indifférence ou par connivence.
C’est un message pour le monde. C’est aussi un message pour l’Europe tout entière, qui à d’autres époques a vécu ses immenses « printemps des peuples ». Quand la démocratie grandit chez ses voisins, l’Europe doit être présente et utile. Ce message-là, je veux aussi le porter.
 
***
Face à la crise du système libéral, l’Europe et l’Afrique, ces deux continents qui ont toujours pensé que le destin du monde relevait des hommes et des femmes qui le composent et non de l’automatisme du marché ou de je ne sais quelle autre main invisible ou fatalité, ces deux continents, liés, doivent se mobiliser ensemble pour exiger et construire une nouvelle régulation mondiale.
Mais, un autre chemin doit s’ouvrir parallèlement, celui d’accords entre espaces régionaux. L’Afrique et l’Europe, avec leur histoire, leurs peuples, leurs valeurs, peuvent, je l’ai dit, nouer cette nouvelle alliance, pour faire entendre leur voix commune, une voix puissante de justice, de paix et de solidarité, dans la mondialisation.
C’est le sens de mon combat, c’est le sens du combat des socialistes, c’est le sens du combat des progressistes, et c’est le combat que nous voulons mener pour la France dans le monde, avec l’Afrique.
S’il y a bien une chose que j’ai apprise ici au cours de tant de voyages, auprès de mes amis africains, c’est à être du « côté de l’espérance », comme l’écrivait Césaire, jumeau en négritude de Léopold Sédar Senghor.
« Du côté de l’espérance », écrivait-il, « mais d’une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté ».
 
Alors, vive l’Afrique, vive le Sénégal !
Vive l’Europe, vive la France !
Pour construire un autre monde !
Je vous remercie.

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