Yves Gonnord rappelle à l’ordre le Conseil Général de Vendée

Un chef d’entreprise Vendéen rappelle à l’ordre le Conseil Général de Vendée
Yves Gonnord, vice-président de Fleury Michon demande au Conseil Général de Vendée de se concentrer sur l’action sociale.

Entretien avec Yves Gonnord, vice-président du Groupe Fleury Michon et Président du Chantier d’insertion Les Jardins de Cocagne à Pouzauges. Cette personnalité Vendéenne a écrit début septembre au Président du Conseil Général de Vendée pour lui demander de recentrer les priorités du Département sur l’action sociale. Après l’annonce de la démission de Philippe De Villiers, Yves Gonnord maintient ses revendications. 
Le Canard Social : Dans une lettre du 8 septembre adressée au président du Conseil Général de Vendée, vous marquez votre désaccord avec les choix budgétaires de la collectivité. Que regrettez-vous ?

Yves Gonnord : Quand le Conseil Général de Vendée débloque 2 millions d’euros pour accompagner une équipe cycliste, ou soutien très largement une course à la voile, quand on voit certaines dépenses de communication et de réception, je dis qu’il y a des choix à faire dans le contexte social actuel. Tous ces évènements sportifs ou culturels ont été très positifs pour les Vendéens, les entreprises continuent à y contribuer aux côtés des élus, mais aujourd’hui il faut s’adapter aux besoins de la population. Depuis une dizaine d’année, la Vendée a changé, il y a une montée forte de la précarité. Je peux vous dire qu’à 90%, les chefs d’entreprise du département ne sont plus d’accord avec les affectations budgétaires qui étaient compréhensibles il y a quelques années, mais plus aujourd’hui. Il faut changer de cap en raison de ce phénomène nouveau de la précarité grandissante. On a longtemps parlé de la « Silicone Vendée », mais aujourd’hui, la Vendée n’est pas épargnée par la crise et les difficultés. Je dis aujourd’hui au Département : vous avez la possibilité de jouer sur les budgets, réduisez des dépenses qui ne sont plus aussi pertinentes.

LCS : Vous demandez un recentrage du Département sur l’action sociale ?

Yves Gonnord : Pour les contrats aidés par exemple, le Département tient ses engagements avec l’Etat : le conventionnement prévoit 400 contrats en Vendée et ils sont honorés. Mais, le quota est atteint aujourd’hui. Les chantiers d’insertion ont reçu une lettre récemment pour expliquer qu’il n’y aura plus de nouveaux contrats cette année. Or, la réalité, c’est qu’il y a toujours des demandes de la part des assistantes sociales. Sur le terrain, dans notre chantier d’insertion à Pouzauges, on y est confronté. Aujourd’hui, des personnes frappent à nos portes, alors qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on leur dit ? C’est cela qui me fait réagir. Il faudrait ne pas bloquer le nombre de contrats aidés, et plutôt les augmenter.

LCS : Les Départements sont confrontés à des restrictions budgétaires alors que la demande sociale augmente… Alors comment faire ?

Yves Gonnord : Les Départements ont certainement des difficultés financières, mais quand je vois qu’on bloque les aides sociales, il y a un problème. En Vendée, on assiste depuis longtemps à une politique du faire-valoir : on sort toujours le cocorico comme si tout allait bien. C’est tout simplement un Conseil Général qui continue à vivre sur le passé. Il faut que tout le monde accepte que les Vendéens de 2010 ne sont plus les mêmes qu’avant, et que notre économie florissante connaît elle aussi des difficultés. Je crois que les Maires du département commencent à s’en rendre compte, mais les élus du Conseil Général ne se rendent pas assez compte de la réalité. Plus que la rigueur budgétaire, ce sont les choix budgétaires qui sont importants. Dans les entreprises, on s’adapte : on réduit des dépenses de communication, des frais de fonctionnement et on renforce l’investissement, les frais de recherche et développement… Pourquoi les collectivités ne feraient pas pareil ?

LCS : Quand vous demandez plus d’argent public pour l’insertion, acceptez-vous qu’il y ait des contreparties, une forme d’obligation de résultat ?

Yves Gonnord : Dans le secteur social, il y a pu y avoir à une époque des abus dans l’utilisation des subventions avec des actions pas assez bien ciblées. C’est donc très bien qu’il y ait aujourd’hui des exigences d’objectifs de la part de l’Etat et des collectivités pour faire l’analyse de l’année passée et faire le point sur les objectifs. Quand on agit avec de l’argent public, il est normal de rendre des comptes. Par contre, encore une fois, ce n’est pas normal de bloquer ou diminuer les aides à l’insertion. Si on sabrait moins le champagne, il y aurait plus de budget pour l’insertion ! J’irais même jusqu’à dire qu’on pourrait baisser le budget global du Département et augmenter le poste des dépenses sociales.

LCS : Vous êtes une personnalité importante du monde économique et associatif Vendéen : vous vous exprimez avec quelle « casquette » ?

Yves Gonnord : C’est une réaction en tant que citoyen, en tant que président d’un chantier d’insertion et en tant que chef d’entreprise. Une entreprise qui est confrontée tous les jours à des demandes de réinsertion professionnelle de la part de personnes précaires ou handicapées. Pour moi, il vaut mieux s’exprimer maintenant, avant les élections plutôt qu’après ! Je n’ai jamais eu d’ambition politique, mais je pense que je serais irresponsable de ne pas dire ce que je ressens aujourd’hui. Dans le secteur de l’insertion, on se rend bien compte qu’il s’agit d’un problème très difficile à gérer : des personnes sont remises sur pied et elles ont envie de travailler ou retravailler, mais elles ont besoin d’un accompagnement dans la longueur, cela demande du temps, donc des financements.

Propos recueillis par Frédéric Lossent

Cette entrée a été postée dans Société. Mettre en favoris le permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*