Royal appelle  » à la résistance et à la désobéissance « 

Le Monde du 22 janvier 2011

Mme Royal appelle  » à la résistance et à la désobéissance « 

Bully-les-Mines (Pas-de-Calais) Envoyée spéciale
La candidate à la primaire socialiste travaille son lien avec l’électorat populaire
 

Deux mois après l’annonce de sa candidature à la primaire socialiste dans deux quotidiens de sa région Poitou-Charentes, Ségolène Royal a tenu son premier meeting de campagne, jeudi 20 janvier, à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais).

L’endroit était évidemment symbolique, un ancien bassin minier, terre de luttes sociales située non loin du fief de Marine Le Pen, tout juste élue à la tête du FN et dans la région de Martine Aubry. Mme Royal répondait à l’invitation du maire qui présentait ses voeux aux habitants. La candidate, qui n’a pas décollé dans les sondages auxquels elle affirme ne pas croire, travaille son principal atout : son lien avec les classes populaires.

Alors que les socialistes réfléchissent encore à la meilleure stratégie pour endiguer la montée du FN, la présidente candidate veut s’adresser haut et fort au  » peuple « , ces ouvriers, longtemps terreau de la gauche, qui, en 2002, se sont tournés vers la droite et l’extrême droite.  » Jamais, a-t-elle dénoncé, la légitimité du peuple français, des ouvriers des usines, des ouvriers de la terre, des ouvriers du tertiaire, des petits ouvriers du monde ouvrier et employé, des classes moyennes, n’a été autant ignorée, méprisée, abandonnée. «  Et de poursuivre :  » Je suis venue dire que le peuple français n’est pas condamné à subir et qu’en 2012 nous redonnerons au peuple français le pouvoir de décider. « 

 » Femme à l’écoute « 

Le discours est radical. Ségolène Royal, instruite par le succès du livre de Stéphane Hessel, s’inscrit dans le registre de l’indignation. Il ne s’agit plus d’incarner la rupture comme en 2007, mais la  » résistance « . La candidate ne cherche plus à conquérir le Centre. Les temps ont changé. Elle sait que la primaire socialiste et le premier tour de la présidentielle se joueront pour elle à gauche.

Elle pourfend  » la puissance des intérêts financiers « , dénonce  » cet argent qui dégorge des banques et de la classe dominante « ,  » un système prédateur et cupide « ,  » si cupide qu’il a même inventé le médicament qui tue « , s’emporte-t-elle, en référence à l’affaire du Mediator.

Face  » aux puissances de l’argent « , elle appelle à la  » résistance «  et à la  » désobéissance  » civique, dans la santé, l’éducation, les services publics,  » en organisant des réseaux de solidarité et d’entraide pour tenir jusqu’en 2012 « . Devant les habitants de Bully-les-Mines, environ 800 personnes sagement assis dans le complexe sportif Pierre-Mauroy, Ségolène Royal salue la mémoire des mineurs :  » Les artisans de nos progrès sociaux. « 

 » Si le combat change de forme, il ne change pas de sens, explique-t-elle. Le respect de la valeur travail suppose le respect de celles et de ceux qui l’accomplissent et exige une plus juste répartition des profits et des richesses. « 

Arrivée la veille de son meeting à Bully-les-Mines, Ségolène Royal veut cultiver son image de  » femme à l’écoute « . Elle a pris le temps de rencontrer des associations et de passer un long moment avec le maire, chez qui elle a dormi. Depuis deux mois, elle met en exergue les luttes des salariés victimes du capitalisme financier, les LU, les Lejaby, et ausculte les associations,  » les actions de proximité «  pour valoriser  » la France qui souffre mais qui se bat « .

Partout, elle pourfend le capitalisme financier et la politique de Nicolas Sarkozy coupable, selon elle, de  » l’incroyable déclassement «  des Français.  » Elle est en résonance avec leurs préoccupations. Elle parle simple, claire « , soutient son porte-parole, le député Guillaume Garot. Le député n’a rien oublié des leçons de 2002, où  » ouvriers, profs, infirmières, s’étaient détournés du PS « .

Attente des Français

La présidente de Poitou-Charentes a sans doute décidé de sa stratégie au moment du mouvement social des retraites. Elle est convaincue qu’à travers les manifestations les Français  » savaient qu’il ne changerait rien au texte, mais ont voulu prendre date pour résister à Sarkozy « . Mme Royal fait l’analyse que le PS et sa première secrétaire n’ont pas su trouver un  » débouché politique «  à cette contestation.

Elle observe que partout dans la société des Français entrent en résistance : des professeurs qui désobéissent, des agents d’EDF qui refusent de couper l’électricité des insolvables, des départements qui votent des budgets en déséquilibre. Ségolène Royal veut coller à cette attente.

Sophie Landrin

© Le Monde
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