De l’hyperprésidence à l’hypercandidature

Alerte sur les commentaires ! Il a été abondamment dit, et trop vite dit, que ce vrai-faux remaniement gouvernemental était un signe de faiblesse du président de la République. «Fillon garde Sarkozy», résumait lundi le journal Libération croyant lire dans la reconduction du premier ministre sortant, dans les quelques cris d’orfraie d’une poignée de centristes limogés et dans l’OPA de Copé sur l’UMP comme une mise sous tutelle d’un président affaibli. Ou, à tout le moins, comme la construction de nouveaux équilibres à droite visant à réduire ou à bordurer une hyperprésidence brouillonne et impopulaire.

 

Et si c’était tout le contraire ? Nicolas Sarkozy vient d’en faire la démonstration en s’autorisant une heure et demie d’explications sur trois chaînes de télévision: c’est une feuille de route devant conduire à sa réélection en mai 2012. Cette prestation, sans équivalent après un remaniement somme toute des plus limité, intervient bien avant le discours de politique générale que devra prononcer mercredi prochain François Fillon devant le Parlement. On mesure déjà que la donne n’a pas changé : le discours de Fillon est bel et bien écrit par l’Elysée qui a, par ailleurs, gardé un œil attentif sur la constitution des cabinets des nouveaux ministres.

 

Incroyable, nous dit-on, petite révolution au cœur de notre hyperprésidence : Claude Guéant, tout-puissant secrétaire général de l’Elysée, ne s’exprimera plus directement dans les médias. Fillon l’a voulu, Fillon l’a eu ! Et Matignon d’être soudain affiché comme une puissance émancipée d’une présidence affaiblie.

 

Cette jolie histoire ne manquera pas d’être démentie dans les semaines à venir. Nicolas Sarkozy a une qualité qui appuie son ambition dévorante : il connaît ses droites mieux que quiconque et son élection de 2007 a amplement démontré qu’il sait construire des stratégies électorales de long terme.

 

Or ce nouveau dispositif politique doit être considéré pour ce qu’il est : laver le candidat Sarkozy du bilan du président Sarkozy et le mettre en situation de remporter le second tour de la présidentielle en 2012. On ne parle pas là du gouvernement du pays ou de choix de politiques publiques dans les dix-huit mois à venir. Aucune importance puisqu’il s’agit d’abord de la conduite opérationnelle d’une campagne électorale qui a été lancée ce soir. 

François Bonnet

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