L’heure de vérité par denis Sieffert de Politis

Cette réforme est un peu comme une malle à double fond. En surface, nous voyons immédiatement le report de l’âge légal de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation. Nous voyons l’injustice faite aux femmes et à tous ceux qui ont eux des itinéraires professionnels discontinus. Il faut y ajouter le mépris affiché envers les salariés aux métiers les plus rudes, auxquels M. Sarkozy promet une vie écourtée, et une retraite vécue dans la douleur et la maladie. C’est sur leur dos qu’il compte grappiller quelques économies. Je sais bien que ces considérations peuvent engendrer des sourires. On se dira que j’exagère. Mais qui n’a pas vu un père, une mère, un frère ou un ami à l’approche de la soixantaine après une vie en usine ne peut imaginer l’état des corps et la lassitude des esprits.
Et, pourtant, MM. Wœrth, Bertrand, Copé et consorts en tournée de promotion dans les médias n’ont que le mot « pénibilité » à la bouche. Que l’on se rassure ! Quand les ouvriers seront franchement infirmes, invalides reconnus, privés déjà d’une partie de leurs gestes, ils pourront bénéficier d’une dérogation. Ce cynisme mériterait bien cet « affrontement central » qu’Annick Coupé appelle de ses vœux dans le Monde de lundi. Une vraie révolte de tous ceux-là à qui l’on promet un retour de trente ans en arrière, et de tous les autres qui, avec eux, ont le sentiment d’appartenir à la même communauté humaine, quand bien même la vie leur serait plus douce. Voilà, sur le dessus de la malle, ce que l’on voit immédiatement et qui provoque chez tout être doué de sentiments cette réaction épidermique.
Dans le double fond, on trouve d’autres trésors d’hypocrisie, et des raisons peut-être plus prospectives, plus intellectuelles, de s’insurger. Nous démontrons un peu plus loin dans ce journal que l’objectif du texte n’est en rien le sauvetage du système de retraite par répartition, riche de toute une philosophie sociale, mais au contraire de le condamner. Il n’est pas de maintenir les taux de retraite, mais de les ruiner. Et

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