Sale temps sur France Inter

Barack Obama limoge le général McChrystal, chef des forces armées en Afghanistan, le soudard arrogant qui lui a tenu tête. Jean-Luc Hees, le président de Radio France, congédie d’un trait de plume et manu militari les deux chroniqueurs «énervants» de la matinale de France inter, les pertinents et impertinents  Stéphane Guillon et Didier Porte.
Lui et Philippe Val, son ami de vingt ans, désormais en charge de la station, en rêvaient depuis longtemps. Ils offrent aujourd’hui sur un plateau d’argent la tête des deux humoristes à l’instrumenteur pervers de l’Elysée… qui les a  nommés pour ça, pour faire le sale boulot !
L’ex-voix d’or du service public jure ses grands dieux de n’avoir subi aucune pression politique. C’est peut-être vrai, mais c’est encore pire :  il la devance, il l’anticipe pour satisfaire la voix de son maître. Ainsi, pour justifier l’éviction des «deux petits tyrans» (sic), il n’hésite pas à dénoncer  la «grande misère intellectuelle» (resic) de leurs chroniques. Faut-il rappeler à notre arbitre des élégances («Je ne m’appelle pas Domenech!») que chaque matin à 7h55 deux millions d’auditeurs écoutaient à tour de rôle Didier Porte ou Stéphane Guillon ? Deux millions d’auditeurs intellectuellement misérables, si l’on comprend bien. Et qui, aujourd’hui, inondent leur radio préférée de mails ulcérés, avec menace de boycott.    

Que s’est-il passé? Jean-Luc Hees n’était pourtant pas le mauvais cheval. Un type sympa, sans grande conviction politique, au demeurant, mais l’esprit ouvert et possédant l’art de la conversation, du temps de son émission «Synergie» dont je fus l’un des chroniqueurs trois ans durant. En mai 2007, quelques jours avant la présidentielle, il m’avait confié que dans l’hypothèse de l’élection de Ségolène Royal, il avait l’assurance de devenir le patron de Radio France ! Plaisante anecdote, rétrospectivement, n’est-il pas vrai?
Avec le caractériel Philippe Val, il en va tout autrement. Le chansonnier aux ambitions de maître à penser était déjà, à la tête de «Charlie Hebdo», un autocrate fielleux qui ne supportait pas la contradiction de ses collaborateurs et faisait passer à la trappe ceux d’entre eux qui avaient cessé de lui plaire. Comme Siné, Delfeil de Ton et quelques autres, j’eus l’honneur d’être (brutalement) débarqué par lui. Val était avide de reconnaissance et prêt à tout dans sa quête de pouvoir. Humoriste sans humour, il se comportait avec sa rédaction comme les patrons-voyous qu’il dénonçait à longueur d’éditos, en champion du double langage. La gouvernance de France inter est aujourd’hui entre les mains de ces zélés duettistes. Silence dans les rangs et carton rouge pour l’opportuniste comme pour le renégat  !
 
Chronique parue dans la « Charente Libre » du samedi 26 juin.     

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