Parti socialiste : Martine Aubry dessine les contours de sa « France idéale »

Martine Aubry a brossé le portrait de sa France idéale, se posant en "meilleure proposante" face à Nicolas Sarkozy, un an après avoir pris les rênes d’un Parti socialiste en miettes. Au débat sur l’identité nationale lancé par le chef de l’État, l’ancienne ministre de l’Emploi a opposé sa défense du modèle social français. "L’identité de la France est un joyau trop précieux pour qu’on l’utilise à des fins électoralistes, a-t-elle lancé à Rennes, dernière étape de son "Tour de France du projet". Aujourd’hui, en pleine crise économique, "les Français s’interrogent moins sur leur identité que sur leur fin de mois", a-t-elle martelé dans un discours-fleuve intitulé "La France qu’on aime". "Ce qui se fissure aujourd’hui, c’est d’abord le modèle social. Les responsables, ce sont ceux (..) qui remettent en cause la protection sociale et les services publics (…) qui, au nom de l’identité nationale, tentent de diviser les Français au lieu de les unir", a-t-elle poursuivi devant plus de 500 personnes réunies dans un ancien marché couvert. À la manière de Nicolas Sarkozy, qui s’était emparé des figures tutélaires de la gauche pendant la présidentielle, elle a à son tour pioché dans le corpus idéologique de la droite, invoquant Charles de Gaulle. Le fondateur de la Ve République disait : "Il y a deux catégories de Français, ceux qui pensent qu’il y a deux catégories de Français et les autres", a rappelé la dirigeante du PS. 

Depuis septembre, Martine Aubry "incarne un PS plus combatif face à la droite sur le terrain des valeurs", a estimé Jérôme Fourquet, de l’institut Ifop. En 2008, "le PS était gravement malade : elle l’a fait entrer dans un état de convalescence", ajoute l’analyste. Sa "feuille de route" a parfois pris des allures de montagnes russes, du contre-plan de relance à l’échec des élections européennes jusqu’à l’offensive rénovatrice lancée à La Rochelle, mais rapidement assombrie par la publication à la rentrée d’un livre relatant les fraudes du congrès de Reims. À la tête d’un PS qui s’est remis au travail, Martine Aubry, qui se tient éloignée des querelles internes, aurait-elle désormais tout le loisir de peaufiner sa candidature à la candidature présidentielle ? "Elle a toutes les qualités pour pouvoir prétendre au poste sans forcément montrer tous les jours que c’est sa seule volonté", s’est félicité l’un de ses proches, Claude Bartolone, sur Europe 1. "Tranquillement, Martine Aubry s’est construit une stature de quasi-présidentiable. Elle taille sa route et a fait le vide autour d’elle", juge pour sa part Gaël Sliman, chef du département Politique de l’institut BVA. 

Les "quadras" n’ont pas réussi à percer et l’hypothèse Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI) retenu à Washington, est très lointaine, ajoute le sondeur. De plus, souligne Jérôme Fourquet, "par ricochet, les zigzags de Ségolène Royal, sur le fond et sur la forme, valorisent Martine Aubry". Mercredi soir, la première secrétaire a repris à son compte plusieurs concepts défendus par l’ancienne candidate à l’Élysée, évoquant la "nation métissée" en écho à la "France métissée" de la présidente de Poitou-Charentes. "Certains à droite prétendent que la gauche aurait un problème avec la nation", a-t-elle dit poursuivant le débat ouvert par Ségolène Royal pendant la présidentielle. "Disons-le clairement : si la nation n’appartient pas à la gauche, dans notre pays, la nation est née par la gauche et par les opposants à l’ordre établi."

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