Trois afghans expulsés : « des charters de la honte »

Au lendemain de l’expulsion de trois Afghans vers leur pays, lors du premier vol groupé depuis 2005, Martine Aubry a dénoncé mercredi "des charters de la honte""Nous sommes actuellement en Afghanistan pour lutter contre les talibans. Et des hommes qui fuient les talibans qui les oppriment, eh bien on les renvoie, si je puis dire, dans la gueule du loup", a déploré la première secrétaire du PS, reprochant au ministre de l’immigration, Eric Besson, d’avoir "osé dire qu’il n’avait pas de crainte pour eux là-bas".

"Les explications confuses autour de critères respectés n’y changeront rien", écrit France terre d’asile dans un communiqué. "Le symbole donné est celui de la France qui renonce à ses propres valeurs", poursuit l’association, dont la pétition contre ces"charters" a recueilli plus de quatorze mille signatures.

Damien Nantes, responsable de la Cimade, a accusé mercredi les autorités françaises de "mise en danger délibérée" des trois Afghans. Il a ajouté qu’un quatrième ressortissant afghan a"refusé d’embarquer, en se blessant, car il avait en cours une procédure de référé-liberté dans un tribunal administratif de la région parisienne". Son cas devrait être examiné dans l’après-midi.

"LE FIL DE LA CRÉDIBILITÉ ET DE LA CONFIANCE EST ROMPU"

Deux membres de la majorité ont dénoncé ce renvoi forcé. Le député UMP des Yvelines Etienne Pinte, jugeant qu’il n’est "pas possible" de renvoyer des Afghans dans un pays en guerre, a estimé avoir été trompé, puisque le ministère de l’immigration d’Eric Besson avait assuré mardi à plusieurs reprises qu’aucune date n’était fixée pour ce "vol groupé"."Renvoyer des migrants à dose homéopathique ne change rien à l’affaire. Le principe de non-renvoi a été bafoué. Le fil de la crédibilité et de la confiance est rompu" avec Eric Besson, a-t-il ajouté. La députée UMP du Nord Françoise Hostalier, qui préside le groupe d’amitié franco-afghan à l’Assemblée nationale et qui s’est rendue en Afghanistan à treize reprises, évoque dans le quotidien régional La Voix du Nord un pays  qui "n’est pas stabilisé", et où se trouvent "cent mille hommes armés"."Si on aide à l’insertion, si c’est volontaire, si on s’assure de leur sécurité, pourquoi pas. Si c’est contraint et forcé, c’est criminel", accuse-t-elle.

Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a évoqué "une politique d’immigration qui est à la fois ferme et juste, qui applique les décisions de justice". Il a affirmé que la décision prise par Eric Besson "a été entourée de toutes les précautions. Nous sommes vigilants à ce que les droits des personnes soient respectés".

La secrétaire d’Etat à la famille, Nadine Morano, a défendu sur RMC et BFM TV son collègue Eric Besson, estimant que le fait de venir d’un pays en guerre ne suffit pas à obtenir l’asile politique. "Dans ce cas-là, on n’a plus qu’à dire à tous les Afghans, à toutes les personnes qui habitent dans un pays où il y a la guerre de venir en France, ce serait totalement irresponsable", a-t-elle dit.

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